Interview Aline Zeler : "Il est déterminant de professionnaliser le football féminin"
L'ancienne Red Flames, qui compte 111 sélections avec l'équipe nationale, tient à faire bouger les choses pour développer davantage le football féminin en Belgique.
Lors du dernier championnat d'Europe, nos Red Flames ont réalisé la meilleure performance de leur Histoire en atteignant les quarts de finale de la compétition. Aline Zeler, qui a été la capitaine de cette équipe durant plusieurs années, appelle au soutien populaire lors de la prochaine fenêtre internationale, début septembre.
"Les supporters n'ont pas beaucoup eu l'occasion de se rendre en Angleterre pour assister au tournoi et pousser nos couleurs. Le 2 septembre prochain, la Belgique affronte la Norvège en qualifications pour la prochaine Coupe du Monde. Ce serait sympa que le stade soit plein, car il n'y a pas encore eu de communion avec les joueuses. Cette équipe le mérite vraiment."
Après ce championnat d'Europe, plusieurs joueuses de notre équipe nationale ont décidé de se diriger vers l'étranger. "A l'approche de la Coupe du Monde, c'était essentiel pour celles qui veulent arriver avec la meilleure forme possible. La Super League accueille une nouvelle génération, avec laquelle il faut être patient et ne pas brûler les étapes. Pour avoir une adversité optimale, il était préférable de se diriger vers les Pays-Bas, notamment" nous affirme Aline Zeler.
En Belgique, il faut d'abord professionnaliser le milieu, à commencer par le staff et les joueuses. Si le niveau de notre compétition n'est pas encore suffisant, c'est majoritairement pour cette raison, selon Aline Zeler. "La fédération a mis en place un système où les équipes peuvent compter trois joueuses sous contrat semi-professionnel. Mais cela n'arrange rien, que du contraire. Cela crée un déséquilibre immense entre les filles qui ont toute la journée pour se reposer, s'entraîner, penser au football, et celles qui viennent s'entraîner le soir après une journée de huit heures. Les joueuses semi-professionnelles ont un rythme de vie très différent, qui se ressent sur le terrain. De plus, tous les clubs ne savent pas mettre en place un système de joueuses semi-professionnelles, ce qui déséquilibre le tout davantage. Il faut rendre le milieu professionnel, à tous les étages."
Dans notre pays, les équipes dites "réservoir" subissent de nombreux mouvements d'effectifs durant la saison. En effet, le championnat est très jeune, et de nombreuses joueuses sont appelées en équipe nationale espoirs. "Le championnat n'est suspendu que lors des 'FIFA Windows', qui ne sont valables qu'à partir de la catégorie U19. Avant cela, les jeunes joueuses partent en sélection pendant la saison, car le championnat n'est pas interrompu. Des équipes comme OHL, avec beaucoup de jeunes espoirs, subissent fréquemment cette situation. C'est une chose sur laquelle il faut réfléchir"
Selon l'ancienne joueuse de 39 ans, un autre élément est également à revoir. "Certaines jeunes joueuses terminent la saison avec plus de 2.000 minutes disputées, alors qu'elles sont encore en pleine période de croissance. Cela comporte un important danger de surcharge, et donc de blessure. Je rappelle que chaque club de Super League entame la saison avec une moyenne de vingt joueuses dans son effectif. De manière optimale, le total devrait être porté à 24 joueuses, comme dans le football professionnel" conclut Aline Zeler.